• Je me souviens parfaitement de mon premier jour en sixième. Il faisait beau, et nous étions garés à quelques mètres de l'établissement. Mon grand père était chargé d'accompagner mes petites sœurs à l'école, tandis que ma mère venait avec moi pour la répartition des classes.

    Le stress était à son maximum. Tous mes amis se rendaient à l'autre collège de cette petite ville, et moi, je me retrouvais seule dans ce collège privé. Bien sûr, il y aurait d'autres personnes au visage connu, mais pas vraiment des amis.

    Sur le trajet, j'avais glissé ma main dans celle de ma mère, en quête de courage et de soutien, mais ma bienveillante maman me l'a lâché très vite. Avec une phrase que je n'oublierai jamais.

    "Tu sais, les autres enfants risquent de se moquer de toi si tu me tiens la main devant eux."

    Elle était bien plus consciente que moi du regard des autres. J'étais une grande, cette fois-ci. J'avais envie de l'être, mais en même temps, j'avais aussi envie de régresser. De retourner jouer dans la cour des petits.

    Il y avait du monde dans la cour, et très vite, je fus en direction de la salle de classe.

    Une fois ce premier jour passé, je prenais plaisir à me rendre au collège, à y apprendre de nouvelles choses, mais surtout à parler avec une fille de 14 ans, qui était elle aussi en sixième. Elle est très vite devenue ma meilleure amie.

    Généreuse et compréhensive, elle était toujours là pour me soutenir, pour m'encourager lorsqu'un petit échec assombrissait ma scolarité. Nous n'étions pas dans la même salle de classe, mais nous avions les mêmes cours, les mêmes difficultés. On se retrouvait toujours lors des récréations, et nous nous attendions patiemment pour aller manger ensemble.

    Tout changea les années suivantes.

    En cinquième, un problème de santé provoqua un incident que je n'ai même pas envie d'inscrire ici. Un incident très léger, mais qui fit beaucoup de bruit dans le collège. Si bien qu'à partir de ce jour, les autres enfants me regardèrent avec une étincelle de moquerie, et me donnèrent des surnoms toujours plus ridicules.

    Dans les escaliers, on ne cessa jamais de me bousculer, et mes professeurs ne le virent jamais. Cette année là, je ne disais rien à mes proches. Je subissais, et vint même le jour où je prétextais un mal de ventre intense pour rentrer chez moi, à bout de toutes ces moqueries. J'étais au plus bas, et mes absences se firent de plus en plus fréquente.

    Un soir, alors que j'allais me coucher, je me mis à pleurer devant mes parents. Et le lendemain, nous étions dans le bureau du directeur. Résultat, l'un des garçons les plus acharnés fut renvoyé du collège. Et je n'en étais absolument pas fière.

    Ça ne s'est pas vraiment calmé par la suite. Mais ce fut tout de même plus calme.

    L'année suivante fut la pire.

    Le mois de septembre, mon voisin de table prit un malin plaisir à me menacer avec son compas pour que je prenne le moins de place possible, et même si c'était ridicule, j'avais peur de lui.

    Le mois d'octobre, je perdais ma meilleure amie. Diabète, tumeur du cerveau, et un matin, elle ne se réveilla plus. Je n'avais pas eu le temps de lui dire au revoir, et voilà qu'elle disparaissait sans prévenir. Je me souviendrais toujours de la façon dont le directeur vint nous l'annoncer. Son regard triste plongé dans le miens, il n'avait pas encore prononcé son prénom que je savais déjà. Au fond de moi, c'est comme si mon inconscient avait toujours su. Il a commencé par parler des dessins qu'elle offrait toujours, des timbres qu'elle se plaisait tant à collectionner. Et les larmes coulaient déjà sur mes joues, sans que je ne puisse vraiment comprendre. Puis; il a annoncé qu'elle nous avait quitté la nuit dernière, qu'elle s'était endormie pour ne plus jamais se réveiller, et je crois bien m'être effondrée. Je ne l'ai même pas vu quitté la pièce. Je l'ai juste entendu prononcer mon prénom. En fait, je l'ai entendu plusieurs fois, et j'ai quitté la classe avec l'autorisation de ma professeur principale, pour prendre l'air.

    C'était un jeudi après midi. Et à mon retour, l'élève qui me malmené le plus m'a demandé comment ça allait. Il a fallu un évènement aussi tragique pour qu'on me laisse enfin tranquille. Pour que j'ai enfin la paix.

    Le collège compte certainement les pires années de ma vie, mais aujourd'hui, j'aimerais vraiment revivre tout ça, revenir en arrière, et profiter encore un peu de cette amie qui a ensoleillé mes journées.

                                                                                                      

    Un besoin soudain d'écrire toute cette vérité.

    Sasha.


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  • Nouveau souvenir que je partage avec vous !

    Ce jour là était un samedi, très exactement la veille de la fête des mères. Ce matin là, j'avais participé à la fête des mères de mon école, et offert fièrement mon cadeau à ma maman. Mais aussi à mon papa (parce qu'on ne faisait qu'une seule fête).

    Mais au lieu de rentrer sagement à la maison, j'avais absolument voulu aller chez une copine pour la première fois hors anniversaire. C'était une première sortie sans réelle raison, et j'étais très heureuse lorsque ma mère avait donné son accord.

    Je m'étais donc rendue chez mon amie, et nous avions convenu que ma mère me récupérerait devant l'école à 17 heures.

    Je me rappelle avoir bien joué avec mon amie. Pour la première fois, j'avais essayé un jeu vidéo - de piètre qualité comparé à aujourd'hui - et nous avions beaucoup promené.

    En fin d'après midi, mon amie à sorti son vélo, et s'est amusée à dévaler la plus grande pente à toute vitesse sous mes yeux. A sa remontée, j'ai voulu faire pareil. Grosse erreur. Le vélo allait beaucoup trop vite, et mon amie avait oublié de me dire que le frein arrière ne fonctionnait plus. En pleine pente, j'ai pris peur et ai freiné d'un coup, mais seul le frein avant à répondu, me projetant à l'avant. J'ai fais un véritable soleil.

    Je crois que j'ai perdu le contact avec la réalité pendant quelques secondes, parce que je ne me souviens pas réellement de ma chute. Ni de la manière dont je me suis retrouvée debout, à contempler le sang faire du goutte à goutte sur mes vêtements. La majorité venait de mon visage. Le goudron m'avait carrément brûlé.

    En un rien de temps, mon amie et sa sœur étaient à mes côtés, et je ne les avais pas aperçu me rejoindre.

    Je n'avais vraiment pas mal, tout était flou en moi, et je n'avais pas conscience de ce qui m'était arrivé. Sans douleur, je ne pouvais pas évaluer les dégâts.

    J'ai été conduite à leur maison, et la mère à tout de suite contacté mon père. Lorsqu'elle a précisé que j'avais chuté de vélo, mon papa a répondu "Ça lui arrive tout le temps !". C'était vrai, mais lorsqu'elle lui précisa que c'était grave, l'inquiétude fit surface. Mon père travaillait, alors c'est ma mère qui s'est rendue au point de rendez vous de départ et nous l'avons rejoint.

    Ce n'est que dans la voiture que je réalisais que mes incisives du haut manquaient à l'appel, que mes lèvres étaient enflées, et que j'étais défigurée. Je sais que j'ai aperçu mon reflet dans le rétro, mais je n'en ai aucun souvenir. Ça a été un choc pour moi, mais quand ma mère m'a vue, elle n'a manifesté aucune émotion. Juste un "Il va falloir qu'on aille aux urgences, chérie." Je lui suis vraiment reconnaissante de ça, elle savait pertinemment que ça m'effraierait de la voir paniquer.

    Sur la route, ma maman n'a fait que me demander de m'efforcer de rester consciente. Ça a été vraiment dur de lutter contre le sommeil, le choc m'avait assommé. Mais j'y suis arrivée, parce qu'elle ne cessait de me parler.

    J'ai très vite été intégrée dans une salle isolée, pour ne pas rester à la vue d'autres patients, et l'on m'a nettoyé mes plaies. L'infirmière était douce, mais c'était douloureux. Je pleurais, et j'avais peur. La première chose que j'ai réclamé à ma mère lorsqu'elle a demandé à mon père de nous rejoindre fut "Demande lui d'apporter mon nounours".

    Le bilan arrivé vite. La mâchoire cassée, deux dents à réimplanter, et une autre à stabiliser. Mes deux dents perdues avaient été récupérées par la famille de mon amie, et comme elles étaient définitives, il fallait absolument me les remettre. Parce qu'on ne met pas d'implants à une petite fille dont la mâchoire n'a pas fini sa croissance.

    Le service des urgences nous à renvoyé en pédiatrie d'un hôpital à une heure de là, et mes parents m'y ont emmené calmement.

    Il faisait nuit quand nous sommes arrivés, et j'avais sommeil, mais je ne pouvais toujours pas dormir.

    J'ai été installée dans une chambre aux murs couverts de poissons. On m'a pesé, mesuré, posé des questions, puis on m'a préparé à l'opération.

    Il était minuit vingt quand je suis allée au bloc. Anesthésie locale, et beaucoup de douleur. Je pleurais, et je souffrais tellement que ma mère n'a pas eu le courage de rester dans la pièce, au risque de paniquer. C'est mon père qui m'a tenu la main, et ça m'a parut une éternité.

    Je ne me rappelle pas du comment je suis retournée dans ma chambre. Tout ce que je sais, c'est que ma mère a dormi dans ma chambre tandis que mon père a passé la nuit dans la voiture.

    Le lendemain, j'ai souhaité la fête des mères à l'hôpital.

    Nous sommes rentrés avec difficulté : je ne faisais que vomir le long du trajet. Nous n'avons pas pu fêter ce jour à cause de cela.

    Quelques jours plus tard, j'étais de retour aux urgences : je n'arrêtais toujours pas de vomir, et j'avais beaucoup maigri.

    A dix ans, je ne pesais que vingt huit kilos.

    Aujourd'hui, j'ai la chance d'avoir eu des médecins géniaux qui ont su soigner mes plaies à merveilles : je n'ai pas de cicatrices vraiment visibles. Mon visage est intact.

    Et je sors tout juste de mes problèmes de dentition.

    J'ai appris que depuis que j'étais bébé, notamment lorsque j'apprenais à rester sur le pot, je ne faisais que tomber sur la bouche. Selon ma mère, il fallait que ça casse une bonne fois pour toute...

    Maintenant, ce n'est plus qu'un très mauvais souvenir !

    Quelque chose de similaire, de votre côté ?

    Sasha.


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  • Par une journée ensoleillée, ma famille m'avait emmené à la plage. Il y avait mon grand père, ma grand mère, ma petite sœur, mes parents et moi. Je n'ai pas de réellement de souvenir concrets d'eux à cette période, mais une image reste bien nette dans ma tête. Ne riez pas trop !

    Je devais avoir environ de 4 ans, parce que ma petite sœur était encore en poussette, et je portais un petit chapeau de paille et une jolie robe. Nous marchions sur le trottoir bordant la plage, et nous approchions de l'aquarium je crois. Je n'en ai pas la certitude. Je parlais avec animation, et en gesticulant, et d'un seul coup, j'ai reçu dans ma main le cadeau d'une mouette. C'était chaud et visqueux, et ça sentait très mauvais, alors j'ai pleuré. Mais mes larmes étaient dues avant toute chose à la l'hilarité de ma famille.

    Aujourd'hui j'en rigole, bien évidemment. Après ça, ma mère m'a essuyé la main avec un mouchoir, et nous l'avons rincé dans l'eau. C'est ici que s'arrête mon souvenir. Je n'ai aucune idée de ce que nous avons fait avant ou après. Nous avons dû nous baigner où aller à l'aquarium, mais je ne sais plus du tout comment cela s'est déroulé. Le seul détail qui m'a marqué est la mouette déféquant !

    Quel est votre plus lointain souvenir, chers lecteurs ?

    Sasha.


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